Cette tournée dans la sous-région de l’Afrique de l’Ouest est la deuxième sur le continent africain pour ce trio. La première s’était déroulée du 3 juin au 7 juillet 2013 dans l’Afrique australe et les îles de l’Océan Indien. Cette fois-ci, nous visitions trois pays de l’Afrique francophone ; le Benin, le Mali et le Burkina Faso. À chaque destination, des masterclass étaient programmées en plus des concerts.
À Cotonou, la masterclass au Centre Culturel Français (CCF) n’a pas rassemblé le monde escompté. Néanmoins nous avons passé toute une matinée à travailler avec d’excellents musiciens qui sont revenus au concert accompagnés d’autres musiciens béninois. Notre représentation s’est tenue sur la scène du CCF devant une salle remplie pour moitié d’expatriés et pour moitiés de béninois. Malgré une chaleur et une humidité insupportables, nous avons donné un concert bien reçu par le public. Il faut saluer le très bon accueil de toute l’équipe du CCF.
Deux masterclass étaient programmées le même jour à Bamako, la première au conservatoire et la deuxième à l’Institut National des Arts. Il faisait ce jour-là 43° à l’ombre. Deux sessions passionnantes avec d’excellents musiciens dans les deux établissements. Beaucoup d’entre eux sont venus à notre concert le lendemain. Il se tenait à l’Institut Français de Bamako dans le cadre du festival Jazzy Koum Ben organisé conjointement par la chanteuse Rokia Traoré et l’association Nyon Kon Koum Ben. Par ailleurs notre concert se tenait également le jour de l’International Jazz Day. Pourtant, la salle n’était remplie qu’à moitié. Depuis que la ville a été frappée par les attaques djihadistes, les touristes ont désertés le pays et l’Institut Français est désormais vivement déconseillé par les ONG. Malgré ces conditions difficiles, nous avons donné le meilleur concert de la tournée ce soir-là. Pour clore cette soirée, nous avons invité le groupe de la chanteuse Pamela Badjogo qui assurait notre première partie à nous rejoindre sur scène pour jouer deux morceaux ensemble.
À Ougadougou, nous avions quatre jours de rencontres programmés avec les musiciens locaux. Une fois de plus, nous avons été impressionnés par le niveau général, malgré la dureté du métier de musicien dans des pays où tout le monde joue d’un instrument et cette pratique n’est pas considérée comme une activité à part entière. Nous avons donné un premier concert dans le lycée Yiguia (2000 élèves), sur une scène en plein air où la température devait avoisiner les 50 degrés. Des problèmes de back-line (pas de piano sur place à notre arrivée) nous ont contraints à attendre plus de deux heures avant de pouvoir monter sur scène. Bel accueil des jeunes lycées qui chantaient et dansaient sur nos morceaux. Notre dernier concert était programmé en clôture du festival Jazz à Ouaga qui en est à sa 24ème édition. Force est de constater que de jazz, il n’y en avait pas beaucoup dans cette programmation qui faisait la part belle aux musiques africaines, ce qui peut facilement se comprendre dans cette région. Malgré une forte affluence, il nous a semblé que notre musique avait du mal à trouver son chemin. Nous avons eu la confirmation que ce n’était pas propre à nous mais bien une attitude générale envers la musique puisque le même accueil timoré a été réservé aux artistes locaux qui se produisaient sur la scène Jazz Village où se tenaient les concerts de fin de soirée.
De retour à Paris, nous sommes reconnaissants à toutes les personnes qui nous ont fait confiance et ont programmé ce trio, ainsi qu’à tous ceux qui nous ont pris en charge durant ce voyage et nous ont reçu si chaleureusement. Aller jouer en Afrique est toujours une expérience revigorante et l’occasion d’échanger avec des musiciens aussi anonymes qu’exceptionnels. Enfin, nous tenons à remercier sincèrement la SPEDIDAM de son soutien sans lequel nous n’aurions pas pu vivre cette aventure.
Laurent Coq
