La musique jamaïcaine 1950 à nos jours
Pèriode |
Style et artistes majeur |
influences |
1950 |
LE MENTO Stanley beckford, Laurel Aitken, Stanley Motta, Sam Blackwood |
Calypso, Son, Rumba |
1960 |
RYTHM’N BLUES JA et SKA The Maytals, The Skatalites, Laurel Aitken, Desmond Dekker, Prince Buster, Alton Ellis |
Boogie, Rythm’n blues, Blues, Mento, Jazz |
1965 - 1975 |
ROCKSTEADY & EARLY REGGAE Alton Ellis, Ken Boothe, Toots and the Maytals |
Soul, Rythm’n Blues, Doo wop |
1970 |
REGGAE (Rotts/one drop) et DUB Bob Marley and the Wailers, Peter Tosh, Bunny wailer, Dennis Brown, Jacob Miller, Max Roméo, the Abyssinians, Culture, Pablo Moses, The Gladiators, Third world, The Wailing Souls. DUB : Lee « Scratch » Perry, King Tubby, Scientist.. |
Blues, rock, Soul, |
1970 - 1980 |
REGGAE (rock et rockers) Bob Marley and the Wailers, Sly and Robbie, Black Uhuru,Gregory Isaac, Burning Spear, Israel Vibration, Dennis Brown, The Roots radics, Don Carlos, Johnny Clarke, Horace Andy. |
Rock, Funk, Disco, Soul |
1985 - 1990 |
RAGGA (muffin) Macka B, Charlie Chaplin, U Roy, U Brown, Yellowman, Shabba Ranks. |
Rap, Reggae |
1990 - 2000 |
DANCEHALL Buju Banton, Capleton, Sizzla, Antony B, Elephant Man, Sean Paul, Shaggie, Mister Vegas, Beenie Man, Ninja Man, Bounty Killer |
Rap, Rnb, Eléctro |
2000 - 2010 |
NU ROOTS Morgan Heritage, Junior Kelly, Jah Mason, Chezidek, Wayne Wonder, LMS, Luciano, Abijah, Warrior King |
Reggae, Dancehall, Soul, RnB |
I - LES ORIGINES
A - LE MENTO (environ 1930 - 1950)
Le Mento, musique à l’origine rurale, issues des campagnes jamaïcaines, constitue une pierre angulaire de l’évolution de la musique jamaïcaine , de ses influences caribéennes (la Jamaïque est voisine de Cuba, Haïti, Trinidad et Tobago, Porto Rico, Guadeloupe, Martinique..) jusqu’aux influences du grand frère Américain..
Bien ancré dans la tradition des musiques de la Caraïbe, issue de l‘Héritage Africain lié à la traite négrière, le Mento comme ses cousins le Calypso de Trinidad ou le Son cubain, est basé sur le fameux Tresillo (de tres, « trois » en espagnol) , cellule rythmique constituée de 2 noires pointées + une noire, première partie du fameux « 3/2 » de la clave cubaine.
Cette cellule, qui se retrouve dans toutes les formes musicales de la région Caraïbes est l’image sonore même de la syncope donnant cette sensation de danse.
C’est le Son et la Rumba à Cuba, la Biguine et le Zouk en Guadeloupe et Martinique, le Compas en Haïti, le Calypso à Trinidad.. Et le Mento en Jamaïque!
Comme ses cousins, c’est à la fin du 19ème siècle que se constitue ce style, mélange des danses de salons des métropoles et des syncopes et contretemps africains.
L’orchestration typique d’un orchestre de Mento st constituée d’un banjo, d’une clarinette, de petites percussions et d’une « rumba box », sorte de sanza (piano a pouce) fixée sur une caisse de résonnance (nommée Marimbula à Cuba) suffisamment grosse pour produire des basses et occuper la fonction de « bassiste » de l’orchestre.
La « rumba box » inaugure très tôt une tradition qui va marquer le reste de la musique Jamaïcaine dans les années à venir : les basses puissantes. C’est cet instrument qui jouera dans le Mento le fameux Tresillo, marqué chez d’autres cousins caribéens par des instruments au timbre plus aigu (les cloches dans la musique cubaine par exemple). On retrouvera plusieurs décennies après, à partir des années 90’s, la présence de cette clave caribéenne marqué par la basse électrique (voire les synthés basse) et la grosse caisse de la batterie dans les patterns ragga dancehall ,au son plus moderne.
Le banjo quant à lui, dans les rythmique traditionnelles du Mento, superposera sur ces claves syncopées très caribéennes, une rythmique en accord plaqués très linéaire qui accentue les contretemps, ce qui peut constituer l’origine du « skank » qu’on retrouvera plus tard dans le rock steady, le ska et le reggae moderne (début des années 70’s).
Il est à noté que la façon de jouer des accords dans le Mento diffère légèrement de son cousin Trinidadien (le Calypso) où les accords sont en général interprétés de manière plus arpégée.
La clarinette et les vents auront eux plutôt un rôle mélodique constitué de riffs, qui amèneront plus tard aux grandes sections de vents très utilisées dans le reggae moderne..
Le chant occupe donc la place mélodique la plus importante.
Le Mento, d’origine rurale, comme beaucoup de forme d’expression musicales populaires, est représentatif, dans ces textes, d’une réalité sociale et économique liée à la Jamaique des années 30 à 50, évoquant des sujets simples et accessibles, souvent a forte connotation sexuelle, ce qui aura tendance à choquer les classes sociales plus bourgeoises. Une musique grivoise, populaire, voire vulgaire selon les classes aisées, qui met en évidence une vie rude.. Cette tradition du texte social se durcira plus tard dans les debut du reggae avec le phénomène plus urbain des bad boys (ou rude boys) des ghettos de Kingston…
Artistes majeurs :
Slim Beckford, Sam Blackwood, Lord Lebby, Stanley Motta, Stanley Beckford.Discographie :
Stanley Beckford Plays Mento (Barclay 2002)Various Artists Jump up Calypso (Jet Set/Culture Press, 1998)
Various Artists The Calypso box set (Trojan/Pias, 2002)
B - LE R&B JAMAICAIN (environ 1950-1960)
Dans les années 40 aux Etats Unis l’exode rural des bluesmen du Delta vers les pôles industriels fait se rencontrer des shouters de blues acoustique avec les sections rythmique du jazz swing et Bop. C’est dans ce contexte qu’apparaît le « Rhythm’n’blues » (R&B). (Le mot de R&B est mis au goût du jour par les maisons de disques et les hit-parade des magazines à la place du terme race records) Pendant la deuxième guerre mondiale, alors que les liens politiques entre la Jamaïque et la Grande-Bretagne perdent de leur ténacité, l’île se rapproche de plus en plus des Etats-Unis autant d’un point de vue politique que culturel. De plus, le contact direct avec les Américains (il y a deux bases militaire US sur l’île dans les années 50) et l’expansion des techniques de communication (comme la radio) intensifient l’intérêt des Jamaïcains pour la musique américaine, notamment le jazz et le R&B.
En Jamaïque aussi, la crise de l’emploi dans les régions rurale amène un exode massif dans les régions industrialisés, et notamment à Kingston, ou de nombreux Ghettos apparaissent. Pour les Jamaïcains, majoritairement pauvres et sans emploi, ces nouveaux styles musicaux, plus en phase avec leur époque que le mento, sont un moyen d’échapper à la triste réalité du quotidien. L’heure de gloire du mento jamaïcain prend fin avec l’explosion du Rhythm’n’blues JA au milieu des années 1950.
Quand les conditions climatiques le permettent, ils se branchent sur des stations radio de Nashville, de la Nouvelle-Orléans (WONE) et de Miami (WINZ) qui n’hésitent pas à programmer la crème du R&B noir américain. Outre la radio, que peu d’habitants ont les moyens d’avoir compte tenu du prix élevé d’un récepteur, les sound systems jouent un rôle important pour ce qui est de la diffusion aux quatre coins de l’île. Les importations de matériel hi-fi (tourne-disques, haut-parleurs et disques) sont en pleine croissance depuis la fin de la seconde guerre mondiale. Dès la fin des années 1940, des soirées s’organisent donc à Kingston puis dans l’île toute entière autour de sonos mobiles plus connues sous le nom de « sound systems ». D’autre part, les deux seules radios locales (RJR et JBC) ne reflètent pas complètement les goûts et préférences des jeunes jamaïcains. Entièrement contrôlées par le gouvernement jamaïcain, elles programment des artistes tels que Jim Reeves, Bing Crosby ou Frank Sinatra plutôt que Ray Charles ou Aretha Franklin. Elles sont donc considérées comme étant trop politiquement correctes, voire trop « blanches » par les jeunes des ghettos. Ces derniers préfèrent donc se tourner dès qu’ils le peuvent vers les sound systems dans lesquels la censure n’existe pas et dont les droits d’entrée sont accessibles à tous. En 1954, Clément «Coxsone» Dodd lança son sound system, Downbeat. Il bénéficiait de contacts avec les USA qui lui permettaient de se procurer en premier (voire en exclusivité) les dernières nouveautés américaines, ce qui fit grimper la cote de popularité de son sound par rapport à ses deux concurrents précités. Vers la fin des années 50, les goûts du public américain s’éloignèrent du r’n’b pour se diriger vers une soul plus sophistiquée, qui ne plaisait que moyennement aux Jamaïcains. Cette évolution créa en Jamaïque une demande pour un rhythm & blues plus dur que ce qui se faisait alors aux USA. Chris Blackwell, un Jamaïcain blanc, y vit le potentiel commercial du marché du disque et produisit le 45 tours du chanteur Laurel Aitken « Boogie in My Bones », un succès en Jamaïque.
Coxsone et Duke Reid commencèrent alors à enregistrer et produire des disques de musiques jamaïcaines. Il s’agissait principalement de r’n’b lent interprété par Alton Ellis, Derrick Morgan ou les Blues Busters.
Le Rhythm’n’blues jamaïcain se diffère de son modèle américain à plusieurs niveaux : - On y retrouve des influences venant du mento, du merengue dominicain, du calypso de Trinité-Et-Tobago
- Le R&B jamaïcain étant à l’origine créé pour être joué en sound systems, les lignes de basse sont volontairement accentuées afin de faire vibrer le public.
- Contrairement aux chanteurs de R&B américain qui puisent leurs inspirations dans le gospel issu du protestantisme d’Amérique du Nord, les chanteurs de R&B jamaïcain s’inspirent du gospel des églises revivalistes (le Revival est une religion née dans les années 1860 en Jamaïque combinant des pratiques animistes africaines avec des éléments de la religion chrétienne).
Le rythme est « ternaire » (shuffle ou swing)
La batterie marque le 1 à la grosse caisse et le 3 à la caisse claire
La basse est en walking ou marque le tumboa du mento
Le piano fait la « pompe » : main gauche sur les temps et main droite sur les temps faible La guitare marque le tresillo du mento, fait des riffs, double la basse…
Artistes majeurs :
Lloyd Clarke, Alton Ellis, The Blue Busters, Laurel Aitken, The Jiving Juniors, Duke Reid’s All Stars (avec Don Drummond, Ernest ranglin, Tommy Mc cook)Discographie :
Various Artists Jamaican R&B box set (Trojan/Pias, 2002)C - JAMAICAN SHUFFLE (SKA TERNAIRE) ET SKA (environ 1961 – 1966)
A partir des 60’s, le R&B jamaïcain s'émancipera de plus en plus de son frère américain, par l'incorporation de rythme afro-caribéens. Cette évolution, très progressive, donnera naissance à ce qu'on appellera le Jamaïcan Shuffle (Ska ternaire) puis le Ska. La majorité des musiciens de studio de cet époque sont les membres du futur groupe « The Skatalites », à savoir : Lloyd Knibb (drms) , Lloyd Brevett (basse), Jerry « Jah jah Jerry » Haines , Jackie Mittoo (piano)
Roland Alphonso & Tommy McCook (tenor Sax), Don Drummond et Calvin Cameron (Trombone), Johnny Dizzy Moore (Trompette). Le guitariste Ernest Ranglin fera de nombreuse session studio aussi.
Le contretemps :
- Les pianistes et les organistes, qui jouais jusqu'à présent une pompe de type boogie, vont peu à peu alléger leurs mains gauche, pour ne garder que la main droite (qui joue le temps faible)- Les guitaristes, de la même manière, vont enlever le temps fort du triplet du mento, pour ne garder que les deux contre-temps. C'est ce qu'on appellera le skank, marque de la fabrique de la musique jamaïcaine, joué avec les deux coup de médiator vers le haut. On cite souvent les guitaristes Ernest Ranglin et Jah Jerry comme les précurseurs de ce nouveau mode de jeu.
Le One Drop :
Ce terme désigne un accord joué par la batterie, associant la grosse caisse et la caisse clair joué en rim shot (baguette posé sur le cerclage de la caisse claire, technique est utilisé dans les orchestres de swing des années 30). Ce "One Drop" était placé à l'origine sur tous les temps, ou un temps sur deux ou sur quatre, selon la rythmique choisie. On attribue souvent cette technique jamaïcaine à Lloyd Knibb, qui deviendra célèbre avec le groupe The Skatalites, qui le placera presque systématiquement sur les temps deux et quatre, libérant ainsi le premier temps, créant un effet de suspension propres au Ska.Ainsi chaque instrument marque un temps spécifique et semble se détacher de l'ensemble pour vivre discrétement son propre cycle. C'est une vision que l'on retrouve dans beaucoup de musique africaine, ou plusieurs rythmes se complète les uns les autres. On parle alors de polyrythmie.
Jusqu'à présent, le R&B et le Jamaican Shuffle, était des musique "ternaire" (ou le temps est découpé en trois partie). Aux Etat-Unis, le R&B devient de plus en plus binaire pour évoluer peu à peu vers le rock'n'roll. En Jamaïque, le même phénomène va se produire, mais chaque instrument va évoluer de manière bien différente du cousin américain. Cette attitude d'émancipation vis à vis de la musique anglo-saxonne, apparait en même temps que l'envie d'indépendance politique. La Jamaïque, qui était alors une colonie Britanique, obtient son indépendance en 1962. La prériode Jamaïcan Shuffle/Ska, qui ne durera grosso modo que 5 ans, sera en quelques sorte la bande son de cette indépendance. C’est une musique festive, dansante, instrumental ou avec des paroles légères. En 1964, La chanteuse Mille Small est envoyée à Londres par Blackwell pour y enregistrer un arrangement d’ Ernest Ranglin joué par des musiciens anglais. le titre «My Boy Lollipop» (ska shuffle de la première heure) se vendit à sept millions d’exemplaires dans le monde» et attira l’attention internationale sur le ska.
Le skank ternaire, qui avait donc une valeur égal au tiers de la noire, devient ainsi une croche binaire avec une valeur égal au temps fort. Ce changement de feeling, pousse ainsi la basse à prendre plus facilement ses appuis sur le contretemps et s’affranchir du « walking ».
Ce phénomène est encouragé par l'espace créé par l'interaction du entre le one drop sur le 2 et le 4, et le skank. Les lignes de chaque instruments deviennent alors de plus en plus contrapuntique et contribue au sentiment de transe.
On ne parlera définitivement plus de Jamaïcan Shuffle, et mais bien de Ska, qui refléte toute une partie de la culture jamaïcaine.
Artistes majeurs :
The Skatalites ( Rico Rodriguez, Desmond Dekker, Prince Buster, Alton Ellis, Tommy Mc Cook ), Prince Buster, Derrick MorganDiscographie : Various Artists Ska box set (Trojan/Pias, 2002)D- LE ROCKSTEADY (environ 1966 – 1968)
Il y a plusieurs anecdotes en ce qui concerne l'apparition de rocksteady. Certains avancent qu'elle est due à une vague de chaleur qui amena les musiciens à ralentir le tempo, et d'autres affirment que ce sont les personnes âgées qui réclamaient un laps de temps avec du ska "plus lent" pour pouvoir danser lors des soirées dans les sound-systems (aux alentours de minuit, une période était réservée à la musique plus lente). Dans tous les cas, Il représente surtout une transition entre le ska et le reggae qui arrivera en 1968.
Ce ralentissement des tempi va avoir pour conséquence de laisser plus d’espace et donc d’augmenter la richesse mélodique des instruments et des voix, et donc apporter de la nouveauté. La basse : Sous influence américaine, beaucoup de contrebassiste vont se tourner vers la guitare basse à 4 cordes (inventé fin des années 40 par Léo fender). La contrebasse n’est pourtant pas remise en cause, d’autant plus que l’amplification nécessaire à la basse électrique est assez onéreuse. Mais cette nouvelle lutherie avec des cordes plus fines est plus proches de la touche permet de jouer avec moins d’effort. Résultat les basse du rocksteady seront plus fournie et plus mélodique. Son écoute sur les 45 tours est aussi plus facile, et il est courant à l’époque que les bassistes se branche directement sur la table de mixage.
La guitare : Beaucoup d’ingénieur du son préconise alors le doublage de la basse par la guitare, pour rajouter des harmoniques à l’instrument. Ce style de jeu en « cocotte » (note étouffé par la paume de la main droite) se develloperra par la suite pour créer des lignes mélodiques complémentaire de celles de la basse. Le skank reste similaire à celui du ska, sur le contre temps binaire, avec attaque vers le haut. Le chant : Ce ralentissement permet aussi au chant plus de variations, et il est de plus en plus mise en avant , notamment avec les chœurs qui se généralise. C’est aussi l’apparition des premier grand trio vocaux, qui seront légion courantes plus tard dans le reggae. Les paroles des chansons vont des chansons d’amour au « slackness », en passant par quelque chanson Les budgets dans les studios diminuant, on assiste aussi à la disparition progressive des sections de cuivres, même si il y a beaucoup d’exception. La batterie et la guitare rythmique s’était affranchie de la tutelle du RnB pendant la période Ska. C’est au tour de la basse de rallier le mouvement et de solidifier les bases d’une musique typiquement JA.
Artistes majeurs :
The Paragons, The Wailing Wailers, Alton Ellis, The Melodians, Derrick Harriot, The Maytals, The Ethiopians, Desmond Dekker, Derrick MorganDiscographie :
Various Artists Rocksteady box set (Trojan/Pias, 2002)
E - EARLY REGGAE (environ 1968 - 1974)
L’origine du mot reggae est sujet à de nombreuses controverse et plusieurs artistes en revendique la paternité. L’hypothèse la plus probable est que le nom viendrait du mot « streggae », qui signifie « mal habillé » ou « prostitué ». Mais comme le mot passé mal à la radio, il aurait été rebaptisé « Reggae ».
Quoiqu’il en soit, cette première époque du reggae, se différencie de son papa le rocksteady avant tout par un tempo plus rapide et par un changement dans la manière de « penser » le rythme.
Dans le rocksteady, le skank marque tous les contre-temps. Sur le même principe du son cubain où la clave Dans le reggae, il marquera désormais les temps 2 et 4. Le tempo sera donc doublé, dans la manière de penser le rythme.
Ce changement de « mentalité » (et donc d’écriture, voir exemple) va engendrer un changement plus important qu’il n’y parait. Alors qu’il était joué avec le coup de médiator vers le haut, il le sera maintenant avec les coup de médiator vers le bas. Le son sera donc beaucoup plus percussif, plus « africain ». il sera aussi joué aussi parfois en aller-retour, rappelant le mento des origines. Le One drop se retrouve alors à marquer tous les troisième temps de chaque mesure. Ce reggae originel est fortement influencé par la soul américaine. Les voix des chanteurs tout d’abord comme Toots and the Maytals ou Ken Booth, mais aussi par l’utilisation plus fréquente de. De nombreuses chansons de R&B sont reprisent en reggae (aint’ no sunshine, young gifted and black, River of Babylone, black gold and green …) Une grande partie de la population jamaïcaine reste extrêmement pauvre et vivent dans les ghettos. La musique est donc une possible voix de sortie et les textes parlent de plus en plus de ce quotidien. Suite au passage de l’empereur Hailé Sélassié en 1966, le mouvement Rastafari (qui datent d’environ 1930) prend de plus en plus d’ampleur et certaines chansons (comme ceux de The Ethiopians) commencent doucement à véhiculer ce message.
Artistes majeurs :
The Paragons, The Wailing Wailers, Alton Ellis, The Melodians, Derrick Harriot, The Maytals, The Ethiopians, U Roy, Jacob MillerDiscographie : Various Artists Rocksteady box set (Trojan/Pias, 2002)
II - L’AVENEMENT INTERNATIONAL
A - REGGAE (70’s - 80’s)
One Drop / Roots A partir des années 70, un autre style de reggae va faire son apparition : le roots. Ce reggae au tempo plus lent et au ligne de basse toujours plus mélodique, deviendra l’emblème du mouvement Rastafari, notamment grâce au chanteur Bob Marley.Le mouvement Rastafari est apparu au cours des années 30, sous l’impulsion de personnalité comme Marcus Garvey ou Leanord Howell. C’est à la fois une religion dérivé du Christianisme, un mode de vie et une philosophie. Il existe beaucoup d’organisation et de mouvance rastafarienne, mais les grandes valeurs communes sont l’égalité et l’amour entre les hommes, l’importance de la nature, la justice et l’opposition au système politico-économique occidentale ou à toute forme de répression institutionnelle. Pour ces raisons, le mouvement est interdit par le gouvernement et les persécutions de la part de la police sont monnaie courante. Face à la violence et à l’injustice qui régne dans les ghettos Jamaïcain dans les années 60 et 70, le message rastafariste trouve un écho de plus en plus grand parmi la population. De nombreux musiciens issus de ces mêmes ghettos vont alors transmettre ces valeurs dans leurs chansons. C’est grâce au chanteur Robert Nesta Marley, fondateur des Wailing Wailers (avec Bunny Wailer et Peter Tosh), que la culture Rastafari prendra de l’ampleur. Bob se convertira en 1969, ralliant le mouvement « les 12 tribus d’Israël » du Prophète Gad. Les Wailers, fondé en 1962, connurent un succès locale fluctuant aux rythmes des ventes de disques jusqu’en 1970. En 1971, il décroche un contrat chez le label Island Records de Chris Blackwell et c’est le début de la renommée internationale avec les albums Catch a Fire (1972), Burning (1973). Bunny et Peter Tosh quitteront le groupe 1973 et le groupe deviendra Bob Marley & the Wailers. Suivront les albums Natty Dread (1974) et Rastaman Vibration (1976) qui marquera définitivement de son rôle d’ambassadeur du mouvement Rastafari à travers le monde. Les productions de Marley chez Island records amènent aussi un côté Blues encore jamais vu chez un artiste de reggae. Que ce soit dans le son des guitares saturé, ou dans les solos, cette touche bleue sera aussi une marque distinctive de la musique de Bob à partir des années 1976.
Le Reggae Roots est caractérisé par un tempo lent et méditatif et un retour du jeu ternaire. La soul US avait amorcé ce processus dès la fin des années 60, et comme toujours, les jamaïcains s’en sont inspiré pour en faire leurs sauce. La batterie garde le One Drop sur le 3e temps, et cette lenteur du tempo laisse le place à d’innombrable variation sur le charleston alternant entre binaire, ternaire et équivalence.
Avec l’avancée technologique des moyens de production, les fréquences grave seront encore de plus en plus mise en avant, la rythmique évitant fréquemment de jouer le premier pour créer cet effet de suspension propre au roots, avec un son du one drop de plus en plus massif. La musique proprement rasta, dites « Nyabinghi » est aussi déterminante dans le son du reggae roots. Inventé par Count Ossie et Pa Ashanti, c’est une musique à la base religieuse (mais pas seulement) qui mélange les tambours Buru (héritage du tambour africain en Caraïbes au même titre que le gwo ka en Guadeloupe le bel air en Martinique ou les percussions afro cubaines (congas, bongos, quinto) à Cuba ) et les discours rastafarien. De nombreux musiciens aller fréquemment se ressourcer et s’inspirer dans le communauté de Count Ossie (The Mystic revelation of Rasrafari). Le rythme caractéristique des tambours Akete se retrouve de plus en plus dans les productions de reggae roots, (comme celle d’Ijahman, ou de de Peter Tosh etc). Pour les néophytes, le reggae roots, sera assimilé au reggae en général, voir à toute la musique jamaïcaine, mélangent aussi le mouvement rasta et le son Jamaïcaine.
Artistes majeurs :
Bob Marley, The Abyssinians, The Gladiotors, Israel Vibration, Pablo Moses, Gregory Isaacs, Burning Spear, Freddy Mac Gregor, Horace Andy, I Jah Man, Jacob Miller, Johnny Clarke, Max Roméo, Peter Tosh, Mighty Diammonds, Yabby YouB - LE REGGAE ROCK
D’un point de vue musical, après les périodes Ska et Rock Steady (influencés par les Boogie, Rythm’ n Blues, Soul, Doo Woop) le Reggae va poursuivre son évolution dès la fin des années 70’s avec le modèle américain par l’influence du Rock, du Funk (James Brown, George Clinton, Sly Stone), notamment dans le jeu de batterie.
Le changement essentiel par rapport au One drop, où le premier temps de la mesure n’est pas marqué par la grosse caisse, ni même par la basse parfois (et évidemment pas par le skank qui marque les contretemps) est l’apparition du premier temps marqué par le batteur à la grosse caisse .
Cette évolution, si minime qu’elle puisse paraître, est fondamentale dans l’évolution du Reggae vers de nouveaux publics. Le « désert » silencieux du premier temps, qui donne ce groove si particulier au One drop, lancinant et très « en arrière » laisse sa place à une attaque de la mesure plus franche et modifiera le jeu de la basse, qui évoluera vers des bass lines plus rock (mais toujours avec la profondeur des graves) et parfois moins mélodiques, le skank restant stable sur les 2 et 4 de la mesure.
Le jeu de caisse claire évolue aussi, d’un rimshot joué en même temps que la grosse caisse sur le trois (One drop) à une frappe plus sèche sur la peau toujours sur le troisième temps (mais avec la grosse caisse sur le premier temps dans le Reggae Rock), donnant ainsi une dynamique et un son plus puissant.
Cette nouveauté stylistique contribuera à sortir le Reggae du cliché « musique lente, pour fumeur de Ganga » et sera plus apprécié des fans de Rock, en Europe et aux États-Unis notamment, même si le message Rasta, internationalisé depuis le succès de Bob Marley dans les 70’s reste toujours aussi présent malgré cette évolution musicale.
Des artistes comme Gregory Isaacs, Mikael Rose (chanteur de Black Uhuru,), Burning Spear (Winston Rodney de son vrai nom) seront, autant que Bob, les représentants du message Rasta inspiré de Marcus Garvey.
Ce style né dans les années 70’s et dont l’apogée se situe dans las années 80’s est encore très répandu aujourd’hui, (comme le One drop), dans le Reggae actuel ,le « New Roots », au son plus digital mais aux riddims issus du reggae 70’s 80’s ( mais aussi dans l’Afro Reggae (Alpha Blondy, Tiken jah Fakoly), le Reggae Anglais (Aswad, Steel Pulse, Misty in Roots, pour la plupart fils d‘immigrés Jamaïcains en Angleterre) ou le Reggae européen (Gentleman en Allemagne, K2R Riddim ou Faya Dub en France)
Le batteur le plus influent du style Reggae Rock (et de son développement le « Rockers », que nous verrons ensuite) est sans aucun doute Lowell « Sly » Dunbar, qui constitua avec le bassiste Robbie Shakespeare le fameux duo « Sly and robbie », plus grosse section rythmique du reggae moderne avec les frères Aston « Family man »et Carlton Barrett, section rythmique des Wailers de Bob Marley.
A eux deux, Sly et Robbie cumule plus de 1000 sessions de studio, dont la plupart enregistrés pour des artistes Jamaïcains, mais aussi pour des artistes internationaux comme Manu Dibango, Grace Jones ou encore en France Serge Gainsbourg (les deux fameux albums reggae de Gainsbarre « aux armes etc. » et « mauvaise nouvelles des étoiles » sont produits, joués et portés littéralement par la section rythmique jamaïcaine, drivé par Sly et Robbie.
C - Le REGGAE « ROCKERS» :
Toujours sous l’impulsion de Sly Dunbar, à qui on demande un jour en studio de trouver un pattern de batterie qui se danse tout seul, celui-ci puise dans ses écoutes de jeunesse au son de la Motown des débuts et du funk des 70’s, avec ce groove si particulier de 4 coups de grosse caisse sur les 4 temps de la mesure.
Le Disco puis, plus tard, les musiques électroniques (House, Dance etc..) n’hésitèrent pas non plus à abuser de cette « machine à danser » que constituent ces 4 noires marquées à la grosse caisse..
Les musiques caribéennes et africaines modernes (zouk antillais, compas haitien, soukouss congolais, makossa camerounaise) utilisent évidemment aussi beaucoup ce pattern simple et efficace, entrainant irrésistiblement à la danse..
Ce principe n’était pas en soi inédit puisque dès les années 30 les big band swing comme ceux de Chick Webb ou Jimmy Lunceford proposaient une déclinaison ternaire du « four on the beat » pour faire guincher les foules..
Sly Dunbar applique alors cette pulse derrière le skank reggae (au son medium/aigu) et la basse qui coupe les aigus et gonfle les graves des amplis.
L’effet est immédiatement efficace, donnant au one drop initial une pulsation plus mordante, qui pousse la musique vers l’avant et sors le reggae de son cliché « musique à deux de tension qu’on écoute en fumant un spliff», cher a ses détracteurs. Il marque, comme avec le Reggae rock, d’abord le troisième temps avec le rimshot, puis carrément sur la peau, pour dynamiser encore plus l’effet. Le charley, quant à lui, décline toujours les innombrables possibilités du One drop.
Son appellation de « Rockers » trouve en grande partie son origine dans cette pulse très affirmée au son très rock
Avec le Reggae Rock et le Rockers, la musique Jamaïcaine prépare l’arrivée des années 90’s et une nouvelle façon de scander les paroles du message Rasta : le ragga(muffin).
De nouveaux artistes comme U Roy, Charlie Chaplin ou Macka B vont poser dès le début des années 80’s les bases d’un nouveau visage de la musique Yardie, qui va amener la transition avec le Dancehall des années 90-2000, au son plus électronique et ses combinaisons avec des rappeurs, marquant aussi le retour, après plusieurs décennies d’influence américaine, à une identité musicale plus caribéenne.
Artistes majeurs (Reggae Rock et Rockers):
Black Uhuru, Sly and Robbie (label Taxi), Gregory Isaac, Dennis Brown, Israël Vibration, Burning Spear, The Roots Radics (backing band with Style Scott: dms, Flabba Holt: bass), Johnny Clarke, Horace Andy, Don Carlos…III - L’ERE DU DIGITAL ET LES DEVELLOPEMENTS MODERNES
A - LE RAGGA (80’s - 90’s)
Après la mort de Bob Marley en mai 1981 (des suites d’un cancer géneralisé né d’une infection à un orteil non soignée, suite à une blessure après un match de football) la fin des années 80 sera marqué par une évolution musicale qui concernera cette fois le chant et la manière dont il se « pose » sur la musique: le Raggamuffin, appelé plus tard Ragga.
Ce style vocal nouveau se base sur un principe simple: le chant perd de sa liberté mélodique et se concentre sur une note de l’accord de tonique (le plus souvent la fondamentale ou la tierce) avec quelques variations de notes en fin de phrases.
Le style vocal se caractérise alors par un débit rythmique linéaire, en croches binaires, sur un ton assez monocorde. Certains artistes vocaux, peu regardant sur la musique, chante carrément faux (un ton au dessus de l’accompagnement!) sans que cela ne le gène le moins du monde.. Mais c’est une des marque de fabrique du ragga old school …Même si Certains sonnent très juste!
Le « chanteur », qui prendra l’appellation de DJ dans ce nouveau style vocal ,contrairement au Rap naissant à la même époque aux Etats-Unis, ou le DJ est celui qui mixe la musique à partir de disques vinyles, prend la place du chanteur mélodique des décennies précédentes, marquées vocalement par la Soul , le Doo Woop, le Blues le Rythm’n Blues, la Funk..
Ce débit vocal nouveau (on entendra aussi l’appellation Toaster) est intimement lié au « flow » du Rap américain naissant dans les années 80’s avec Grandmaster Flash et autres Africa Bambatta, initié par le flow groove des Last Poets, comme dans ses joutes vocales de rues des les années 70’s, où les jeunes populations noires urbaines créent au quotidien ce mode d’expression et de communication..
Il est important de noter ici (en rendant à César ce qui est à César) que le principe du mix de deux disques par un DJ (le « Selecta » , sélecteur en Jamaïque) a été amené aux Etats Unis par Kool Herc, musicien Jamaïcain immigré dans le Bronx à New York (l’immigration Yardie est assez massive dans les quartiers du Bronx et de Brooklyn dès les années 70) qui apportera cette technique du mix utilisé depuis plusieurs années en JA avec les Sound Systems et qui sera utilisé ensuite par les premiers DJ américains, Grandmaster Flash en tête.
Cette continuité d’influence et d’échanges avec le grand frère américain se manifestera plus tard dans les années 2000 avec des « combinaisons » (duos) entre rappeurs américains et toasters jamaïcains..
Les premiers grands artistes du Ragga (Charlie Chaplin, U Roy, Macka B) commenceront à toaster dans les Sounds Systems, en « posant » sur des vinyls que les selectas envoient aux foules. Le style se développant, certains vont continuer en live et en studio avec des backing band issus de la période Reggae Rock des années 80’s, comme les Roots Radics par exemple, qui ne change pas d’un iota leur « tourneries » dans un premier temps, proposant ainsi un tapis sonore sur lequel va se poser tout naturellement le débit du Ragga.
Les premiers enregistrement de Charlie Chaplin ou du U roy, entre autres, sont assez révélateurs de cette transition entre le reggae des années 70’s - 80’s (orchestration) et le Dancehall des années 90’s- 2000 (flow Ragga hip hop).
Les textes du Ragga sont partagés, selon les artistes, entre le message Rasta hérité de Bob et des 12 tribus d’Israel et des lyrics plus légères voire carrément sexuelles.. Un retour à la tradition grivoise et populaire du texte olé olé, déjà présent dans le Mento .. Le « Slackness» , nom donné à ce style textuel parfois à la limite de la pornographie, fera fureur auprès de la jeunesse jamaïcaine et des artistes comme Yellowman, Macka B, ou Shabba Ranks en seront les plus célèbres représentants, le style vocal devenant plus véhément, agressif diront certains, plus véloce, à tel point qu’on parlera de « fat style » ou de « hardcore style ».
Artistes majeurs:
U roy, Charlie Chaplin, U Brown, Macka B, Yellowman, Shabba RanksB - LE DANCEHALL (90’s- à aujourdui)
Les années 90 se profilant, l’évolution technique des studios et l’influence du rap américain et du RnB de Mary J Blige ou Janet Jackson vont transformer petit à petit les patterns reggae rock ou one drop sur lesquels se posaient les premiers toasters en instrumentaux basés sur des programmations électroniques, annonçant l’ère du Dancehall, même si certains artistes de transition, comme Buju Banton, Capleton ou Sizzla, ou encore Antony B continuerons à travailler avec des musiciens, notamment sur scène.
Au niveau musical proprement dit, le Dancehall va marquer une étape importante dans l’évolution de la musique Yardie à l’aube des années 90 : le retour aux canons rythmiques caribéens, basés sur le fameux tresillo de la clave 3/2, qu’on trouvait à l’origine dans le Mento, redonnant à la musique jamaïcaine sa couleur originelle, à savoir celle d’une musique plus directement liée aux patterns africains, retrouvant ainsi sont identité caribéenne..
Le terme même de « Dancehall » fait référence à un lieu où l’on vient danser (en général en extérieur) littéralement une piste de danse, une tradition de la musique jamaïquaine finalement où les premiers Dancehall voient le jour a la fin des années 40’s puis avec le ska et le rock steady.. Un lieu de plaisir, de danse et de drague..
Il est ainsi logique que ce style ai d’abord beaucoup plus de succès en Jamaïque ou dans les iles voisines , en Guadeloupe et Martinique par exemple (Lord Kossity, Admiral T) qu’en Europe ou aux Etats-Unis, où le « Roots » (Ska, Rock steady, One drop, Rockers) maintient un succès constant, une manne financière et artistique pour les artistes vieillissant de l’Age d’Or (selon les conservateurs) encore vivant: Alton Ellis, Burning Spear, Max Romeo, Big Youth, Horace Andy, Israël Vibration, Twinkle Brothers et bien d’autres rastas dont la musicalité est encore bien vivante, malgré les années…
Le pattern de base du Dancehall est donc basé sur le fameux tresillo et prendra un nom plus actuel que la clave. On parle du riddim « bam bam » entre autres pour exprimer cette clave, de manière plus énergique, par la basse, la grosse caisse voire la caisse claire du batteur..
Parfois pour faire monter l’intensité ,au signe du DJ (Faya!! fire, « feu !»en patois jamaïquain)
qui dirige l’orchestre quand il y’en a un, les accords de guitares et de claviers joueront le bam bam Dancehall.. On rejoint la le « Fat style » inauguré par Yellowman ou Shabba Ranks dans les années 80’s et perpétué par Elephant Man, Antony B, Sizzla, Capleton, Mr Vegas, Buju Banton… Les « clashs » entre DJ , entouré de leur crew (bande de pote, gardes du corps, roadies..) deviennent alors courants, chacun devant « tuer » l’autre musicalement, certains clash finissant dans une violence extrême, les armes feu étant répandu de la même manière qu’aux Etats-Unis.
La clave du Dancehall peut être jouée avec différentes divisions (deux triolets de croches sur les deux premières noires pointées par exemple).. Elle alterne parfois avec des riddims plus Roots (One drop, Reggae Rock) au sein d’un même morceau, mais la boucle est bouclée et la musique jamaïcaine, après plusieurs décennies d’influence américaine dans la musique d’accompagnement du moins, où la syncope caribéenne avait disparu pour « assoir » le contretemps (les Skas ,Rocksteady) ou le temps (Reggae), se retrouve dans une musique plus conforme à ses origines géographiques et culturelles.
D’un point de vue textuel, le Dancehall comme dans le Ragga originel se partage entre message Rasta toujours présent et textes « slackness », à forte connotation sexuelle, mais aussi parfois dans les versions extrêmes, misogyne, homophobe ou même carrément raciste à l’encontre des blancs (dans le mouvement Rasta des Bobo Ashanti notamment) en opposition au message de fraternité et d’universalité de la branche des « 12 tribus d’Israël », répandu dans le monde entier par Bob Marley.
Il est à noter que certains « spécialistes », aficionados du Roots 70’S - 80’s, semble t il connaisseurs profonds du Reggae et de son Histoire, ont violemment critiqué ce nouveau style, une musique selon eux qui aurait vendu son âme au diable et ne serait plus jamaïcaine! Alors que c’est exactement le contraire, la Jamaïque revenant par le Dancehall à une expression totalement caribéenne, dans la musique, les textes, l’attitude..
Artistes majeurs:
Antony B, Sizzla, Capleton, Beenie Man, Mr Vegas, Elephant Man, Buju Banton, Sean Paul, Shaggie, Ninja Man, Bounty Killer.C - LE NEW ROOTS (2000 à aujourd’hui)
Le succès du Dancehall dans la Caraïbe va repousser le Roots en Europe et aux States, dans les années 90 et aura pour conséquence la naissance de nombreux groupes (l’Angleterre restant à part, l’immigration jamaïcaine y étant présente depuis les années 70) revisitant cette musique née en Jamaïque mais en y appliquant leur propre expérience, issue d’une réalité de vie différente, mettant en évidence l’aspect dorénavant universel des musiques jamaïcaines.
Un groupe comme Groundation (dont certains musiciens sont issus d’écoles de jazz) aux Etats Unis propose une vision nouvelle tout en faisant constamment référence à la philosophie Rasta et à l’Ecologie, au reggae des années 70’s, dans laquelle la section rythmique, habituellement figée sur le même pattern constitué de variations (laissant l’aspect mélodique et improvisé aux chant et vents) ,va intéragir avec le soliste, comme dans le jazz et les musiques plus improvisées.
En Europe, l’artiste allemand Gentleman va créer son propre univers à partir d’une réalité sociale, économique et culturelle très différente de la Jamaïque, même si les voyages en JA pour ces artistes sont vécus comme des sources d’inspiration continue.
En France les Neg’ Marrons, n’hésiterons pas non plus à faire des échanges Sarcelles - Kingston, employant au passage la crème des zicos Jamaïquains, dont Sly et Robbie par exemple, producteurs de leur troisième album…D’autres groupe Français tels K2R Riddim, Mister Gang entre autre ou des artistes d’origine caribéenne tels Tonton David, Nuttea, Sael, Yannis Odua, sauront trouver leur voie personnelle.
En JA, dès les années 2000 , des groupes comme Morgan Heritage, ou des artistes tels Luciano, Jah Mason, Junior Kelly ou Chezidek vont eux aussi proposer une version plus moderne, à mi chemin entre le Roots des années 70’s, avec une prédominance du one drop dans le choix des riddims, et du Dancehall, dans le choix des sons (digitaux, c’est-à-dire obtenu avec des programmations électroniques) et la production.
Ce retour au Roots avec une production plus actuelle va confirmer le statut international de la Musique Jamaïquaine, démontrant une nouvelle fois sa formidable capacité d’assimilation et d’adaptation, tout en gardant son identité propre, ce son si « jamaïcain », reconnaissable entre tous.
Aujourd’hui, dans un monde musical de plus en plus banalisé, où les enjeux commerciaux passe bien souvent avant les choix artistiques, la musique née en Jamaïque dans les années 50‘s a su évoluer, au fil de son Histoire, entre tradition et modernité, influences variées, de l’Afrique à la Caraïbe en passant par le « Tonton d’America » comme dirait Tiken Jah Fakoly, chanteur ivoirien.
La Musique Yardie suit aujourd’hui son chemin propre et continue d’influencer l’ensemble des musiques issus de la diaspora Africaine, et toutes les autres!
Pour notre plus grand bonheur.
LEXIQUE
Big up : Cri d'enthousiasme poussé par le public ou l'animateur d'une soirée pour manifester sa joie à l'écoute d'un morceau. Sert aussi à remercier quelqu'un. Il est maintenant communément employé dans le RAP.Dance hall : terme controversé qui dans sa traduction littérale, désigne une salle ou l'on dance (l'équivalent du dance Floor ruled by our friend Morp!). Le terme dance hall a toujours été employé en Jamaïque pour désigner le style le plus populaire du moment dans les soirées. Ce terme en est venu à caractériser un style musical plus particulier (aussi appelé ragga) que l'on oppose au ROOTS.
Dance crasher : titre d'une chanson d'Alton Ellis sur Studio 1, un dance crasher est un homme de main qui s'arrage pour gâcher les soirées des concurrents, par exemple en créant des bagarres... comme on en trouve tant dans nos parties reggaes ou non. Ainsi dans les années 60, losque le producteur Duke Reid donnait une soirée, son rival Coxone y envoyait des dance crashers afin de discréditer cet adversaire. depuis, ce terme est tombé dans la désuétude.
Deejay : pour nous, un deejay est un type qui passe des disques. En Jamaïque, c'est l'animateur qui parle sur la musique pour mettre l'ambiance. Très tôt présents, ils sont cantonnés à un service minimum jusqu'à ce que le producteur Duke Reid décide d'enregistrer son meilleur animateur sur vinyle: U Roy. J'ai pas pris ca au sérieux, confie-t-il. Au début, c'était plus un délire. ses deux premiers titres deviennent coup sur coup numéro un en 70. Un nouveau style était né, qui allait concurrencer les chanteurs jusqu'à les reléguer au second plan.
Disco 45 : L'importance des deejays devient si importante au début des 70's, que les producteurs ont finin par sortir des maxis 45 tours où le chanteur est aussitôt suivi d'un deejay, sur la même face et sur le même riddim! Ce conditionnement musical est appelé un Disco 45. Lorsu'il n'y a pas de deejay, et que seule la version instrumentale suit la version chantée, on appelle cela un showcase.
Dub plate : Morceau unique d'un artiste généralement commandé par un sound system. La plupart des dub plates sont des chansons connues dont on se contente de changer le texte pour glorifier le sound system qui paye pour ce morceau. Elles sont enregistrés sur des rythmiques déjà toute faites en un temps record. Si les paroles sont entièrement originales (ou qu'un chanteur fait exceptionnellement le deejay par exemple) cela devient une spécial. car seul un sound au monde peut jouer ce titre.
Dub fi dub : Dans les soirées ou deux sounds systems s'affrontent à coups de disques - cela s'appelle un sound clash- le dub fi dub est la dernière étape de la confrontation. A ce moment là, les deux adversaires passent une chanson chacun leur tour! généralement, c'est là qu'ils sortent leurs meilleures dub plates. On est alors au petit matin et le clash atteint son paroxysme. les rares K7 pirates qui portent la mention dub fi dub sont généralement superbes! A la fin de cette étape, le public décide quel sound a été le plus convaincant. L'autre est enterré: le burial.
Gun salute : L'enthousiasme déclenché par la musique par certains admirateurs du ghetto était, auparavant, manifesté au travers du bris de bouteilles sur le sol. Pour faire plus de bruit encore, les truands du ghetto ont fini par tirer des coups de feu en l'air lorsque leur chanson favorite était jouée!
Gun tune : Souvent décriées comme étant responsables de la montée en puissance de la violence, les gun tunes sont les morceaux qui glorifient les armes à feu et les prouesses crapuleuses de leurs propriétaires.
Kill a sound Bwoy : Le lexique des sound system est décidément guerrier. Il s'agit de "tuer" son adversaire. Kill a sound bwoy est un cliché du reggae que l'on entend surtout dans les dub plates. Un sound bwoy est un type qui bosse dans les sounds. Le mot bwoy visee à ridiculiser. L'acte de tuer est évidemment du second degré: il n'est que musical.
Riddim : Déformation du mot anglais rythm, un riddim est une rythmique tellement reprise qu'elle est devenue classique. Ainsi peut-on constituer des séries sur le même riddim. 15 chanteurs sur la même musique.
Selecta : Désigne celui que l'on considère chez nous comme un deejay.
Slackness : Style musical aux paroles centrées sur le sexe et les exploits des jeunes du ghetto. Parfois vulgaire, mais souvent décalé et humouristique.
Talk over : Décrit l'acte qui consiste à parler par dessus un morceau qui est en train de passer. Des interjections courtes comme: Yeah Yeah Yeah! qui donneront naissance en 1970 au deejay style.
Version : Avant, confie le producteur Bunny Lee, la face B d'un 45 tours, on appelait ca la Part 2. Et puis un jou, au studio de Duke Reid, U Roy enregistrait. Il a dit comme ça: "Yeah, ceci est une autre version!" J'ai dit à Duke: "t'as entendu comment il a appelé ça?" C'est venu de là. Depuis, la version est toujours la face B des 45 tours, et offre généralement la version instrumentale de la face A. Un espace qui est rapidement devenu un terrin d'essai pour les ingénieurs du son qui finiront par inventer.... le Dub!
Wheel up (ou Pull Up): Lorsqu'un morceau déclenche l'hystérie de la foule dès les premières notes, on l'arrête pour le remettre au début en criant: "Wheel Up!" littéralement "rembobine!". Le deejay qui anime s'adresse souvent à son selecta à ce moment là: "Wheel Up Selecta!" Une pratique devenue courante jusque dans les concerts.
Le mouvement Rastafari
A la fois religion, philosophie, mode de vie et contre-culture, le mouvement Rastafari n’est pas une doctrine figé. Issue initialement d’une relecture des écrits de la bible, le rastafarisme se décline en de nombreuses communautés et courant de pensé (comme les Nyabinghi, Les Bongo Mens, les Nya Mens, les douzes tribus D’israel, Les Bobo Ashanti etc) C’est un courant polymorphe, sans doctrine théologique précise, les croyances fluctuant en fonction des individus ou des groupes.
Mais c’est avant tout une spiritualité personnelle, basé sur la nécessité que chacun doit prendre son destin en main pour pouvoir progresser en tant qu’être humain, et lutter intérieurement ou extérieurement pour l’Unité et la fraternité entre les hommes, quelques soit la race, la religion ou la culture.
Extrait de « Introduction au rastafarisme de Boris Lutanie »
Le courant rastafarisme est née d’un faisceau d’indice convergent (une prophétie de Marcus Garvey et le couronnement d’Hailé Sélassié) interprété à l’aune d’une lecture selective de la Bible.
« Introduction au rastafarisme de Boris Lutanie »
Le courant rastafarisme est née d’un faisceau d’indice convergent (une prophétie de Marcus Garvey et le et le couronnement d’Hailé Sélassié) interprété à l’aune d’une lecture selective de la Bible.
Né en Jamaïque en 1887 et descendant des « Négres Marrons » (escalves insurgé ou fugitif), il travaille très tôt dans le domaine de l’imprimerie en entreprend des 1907 des activités de Leader Syndical. Il se tourne vers le journalisme et voyage au Panama, costa Rica, Angleterre. Lors de ce dernier voyage, il approfondie sa philosophie Afro-centriste, pronant la réappropriation de la culture des ancêtres. De retour en Jamaïque, il fonde l’UNIA, (Universal Negro Improvement Association) l’association universelle pour le progré des noirs. Il déplace le siège à New York et rallie à sa cause nombres de personnalité de Harlem, d’organisation et d’église Afro-chrétienne. Pour Garvey, il faut de toute urgence que le peuple noir prennent sa déstinée en main, quitte à passer par une séparation raciale. « Nous sommes issue d’un peuple qui a trop souffert. Nous sommes issue d’un peuple déterminé à ne plus souffrir »
Le radicalisme de ses thèses et son charisme suscitent beaucoup d’éspoir. Celui que l’on nomme le Moïse noir établie en parrallèle entre l’afrique colonisé et la situation désastreuse des noir américain. Il prone « L’Afrique aux Africains », là où ses rivaux pronent l’assimilation. Il met en avant le glorieux passé de l’afrique précoloniale et particulièrement l’empire d’ethiopie, berceau de l’humanité, et opére le passage entre l’ethiopisme religieux et la revendication nationaliste. IL restitue du même coup la fiérté raciale de la diaspora africaine. IL prônent un retour en afrique comme un rapatriement spirituel. Il est l’un des précurseur du courant Pan africain, et Malcom X, les black panthers ou le mouvement Black Power s’en réclameront plus tard.
Il est considéré par de nombreux rastas comme le prophéte, celui qui annonca la venu de l’Empereur Hailé Sélassié. Il aurait prononcé en 1916 les paroles suivantes « Regardez vers l’afrique : un noir sera couronné. Ilsera le redempteur »
La jamaïque, colonie Anglo-saxonne, est alors dans une situation économique catastrophique et la pauvreté touche 95% de la population. La bible est un des seuls livres dont le peuple à accés, et le détournement de la religion officielle doit se concevoir aussi comme un acte anti-colonialiste. L’annonce d’un chef redempteur suscite donc beaucoup d’espoir parmis la population.
En Ethiopie, le prince ras tafari est couronnée roi(negus) puis empereur en 1930, héritant du titre « Roi des rois, Seigneur des seigneurs, Lion conquérant de la tribu de Juda, élu de Dieu, lumiére de ce monde, défenseur de la foi. »
Plusieurs personnes, disciple plus ou moins proche du mouvement Garveyiste (comme Leonard Howell) voient dans cet évennement la réalisation de la prophétie de Marcus Garvey. « Et je pleurais beaucoup de ce que personne ne fût trouvé digne d’ouvrir le Livre ni de le regarder. Et l’un des veillards me dit : Ne pleure point ;voici le lion de la tribu de Juda, il a le pouvoir d’ouvrir le Livre et ses sept sceaux. » Cet extrait de l’Apocalypse (4 à 6) corroborerait l’accomplissement de la prophétie et Hailé Sélassié devient alors le Christ noir. Marcus Garvey manieste pourtant son anthipathie vis à vie d’Hailé Sélassié et dénonce le nombre de cultes revivaliste qui « rendent notre peuplent fou », sans aucun retentissement. Leonard Howell serait en effet le premier à avoir prêché la divinité d’Hailé Sélassié. Né en Jamaïque en 1898, il quittera le pays pour voyager au Panama puis comme cuisinier dans l’armée Américaine. Il adhére à l’UNIA en 1918, mais se verra exclu socialement pour s’être livré à des actes de sorcellerie. De retour en Jamaïque, il est arrêté et fait deux ans de prison car il exhortait le public à renverser le pouvoir anticolonial par tous les moyens. La police le maintient dans sa geole puis le transfert à l’hopital psychiatrique (comme de nombreux rasta de l’époque). A sa sortie, il fonde l’Ethiopian Salvation Society et s’installe avec ses disciple dans les collines. La communauté du « Pinacle » compte plusieurs centaines de rasta en autogestion. Ce retour à la nature correspond à la recherche d’africanité. Ils font aussi pousser du canabis, qu’il utilise lors des grounations, des cérémonies rythmé par les percusisons rastas Nyabingi. Cette usage pendant les meditation permettrait l’accés au Divin. C’est aussi le moyen de se défaire d’un conditionnement idéologique et social, imposé par Babylone. L’alimentation I-tal est aussi importante. Mais ce ne sont pas des obligations, la rasta n’obéissant qu’à lui-même. Les Dreadlocks sont aussi au début un signe d’appartenance au mouvement rasta. Elles donnent un aspect « effrayant » dans un pays où la plupart des noirs s’efforcent d’occidentaliser leurs coiffure. C’est un signe de non appartenance au systéme Babylonien. Ils rejettent aussi tous conformisme vestimentaire et leurs apparence hirsute et déguenillé suscite encore une fois la peur. Il est dit aussi dans la bible que « Aussi longtemps qu’il sera consacré par son vœu, le rasoir ne passera pas sa tête ; jusqu’à ce que soit écoulé le temps par lequel il s’est voué à Dieu, il sera consacré et laissera croître librement sa chevelure.» (Nombres, VI,5). Leurs mode de vie dissident et fortement réprimé par le gouvernement. En 1941, Leonard Howell est encore une fois arrêté. A sa sortie de prison, il radicalise encore plus le mouvement et s’entour de chien de garde et de « forterresse ». Mais en 1954, la comunauté du Pinacle est encore une fois attaqué et sur les deux milles rastas présent, la moitié est emprisonnée. L’autre moitié par vers les ghettos de Kingston, continuant de répandre son message.
Chronologie Rasta
1492 : Découverte de la Jamaïque par Christophe Colomb. Ethnocide des indiens Arawaks et importation massive d’esclave africain.
1665 : La Jamaïque passe sous le Joug Anglais.
1834 : Abollition de l’esclavage
1838 : abolition devient effective
1887 : naissance de Marcus Garvey.
1892 : Naissance du ras tafari Makonnen
1896 : défaite des Italiens face à l’armée de l’empereur éthiopien Ménélik II
1898 : Naissance de Léonard Percival Howell
1914 : Marcus garvey fonde l’UNIA (Universal Negro Improvement Association)
1922 : on estime à 6 millions le nombre de personnes adhérente à l’UNIA
1925 : jugement et incarcération de Marcus Garvey pour Fraude Fiscale.
1928 : La Rastafari est intronisé Negus (Roi)
1930 : le Ras Tafari est couronné empereur Hailé Sélassié Ier, Rois des rois, Lions conquérant de la tribu de Juda.
1930 : Eclosion du mouvement Rastafari en jamaïque
1934 : arrestation de Howell et de son bras droit Hinds : jugement expéditif et incarcération.
1935 : invasion de l’éthiopie par l’armée de Mussolini
1940 : Howell fonde l’Ethiopian Salvation Society
1940 : mort de Marcus Garvey à Londres
1941 : arrestation d’Howell
1941 : Libération de l’ethiopie
1954 : fin de la communauté rasta du Pinacle : arrestation des membres.
1955 : l’Empereur accorde une concession territoriale à la diaspora noire : Shashamane
1961 : délégation de rasta et d’officiels du gouvernenment Jamaïquain en visite en Ethiopie
1961 : ras Sam brown se présente aux élèctions (Black Man’s Party)
1962 : Indépendance de la Jamaïque
1965 : délégation de rastas en éthiopie en vue d’étudier les possibilités d’un rapatriement.
1966 : « Grounation day » visite de Hailé Sélassié Ier à la Jamaïque
1966 : destruction du ghetto Black O’Wall (quartier où resident plusieurs communautés rastas : celle de Ras Sam brown et de Prince Emmanuel), répréssion policière.
1968 : apparition d’un nouveau groupe de rasta : les douzes Tribus d’Istraël sous la tutelle spirituelle du prophète Gad (Marley se joindra à eux en 1969)
1975 : mort de l’empereur. »Jah can’t die ! »
1981 : mort de Leonard P. Howell
1981 : mort de Bob Marley
1992 : fête rasta pour le centenaire de la naissance du ras Tafari
1996 : le Conseil économique et social des Nations unies reconnait l’International Rastafarian Development Society comme une organisation non gouvernementale.
Lexique Rasta
Babylon : le système politico-économique à l’occidental. Le gouvernement, la police, bref toute forme de répression et d’autorité institutionnelle.
Dada Wa : paix et amour en amharique (langue éthiopienne) formule traduisant le message rastafarien : « peace, love & unity ».
Dreadlocks : nattes non tressées qui rappelle la crinière léonine.
Ganja : herbe, d’autres termes la désigne : Wisdom Weed, Kaya, Kali, sensie, holy herb…
Grounation : réunion où les rastas chantent, récitent des passages de la bible, dansent, jouent des percussions nyabinghi…
I : lettre numérale très largement utilisée dans le langage rasta, par suppression de la première lettre d’un mot et substitution par la lettre-chiffre I. Ce phénomène de préfixation confère une dimension sacrée aux mots.
Ible : la bible.
I-Dren : enfants rastas ou « frères ».
I & I : Je & Je. Expression pouvant signifier Je, Nous, On. Le dédoublement pronominal marque l’attachement à dieu. De fait, l’essence de Jah devient immanente à « Je ».
Inity : Unité.
Irie : se sentir bien sous l’effet de l’herbe.
Ites : salutation rasta.
Jah : Le dieu des rastas. Contraction de Jahvé ou Jehova.
King : roi, les rastas se nomment parfois ainsi.
Negus : roi en éthiopien.
Nyamen : guerriers africains luttant contre la domination coloniale. Certains rastas s’en réclament.
Nyabinghi : mot polysémique. A l’origine, il s’agit d’une société secrète africaine ayant mené des combats contre les colons. Ce terme signifie également « Mort aux oppresseurs blancs et à leurs alliés noirs ». Par la suite, nom de la musique rasta composée de différentes percussions issues des tambourinaires Burru. En dernier lieu, Nyabinghi est un ordre religieux rasta des Caraïbes.
Prince, Princess : enfant rasta.
Queen : femme rasta.
Ras Tafari : en Ethiopien « Ras » correspond à « tête » et se retrouve comme titre honorifique chez les seigneurs féodaux. « Tafari » : celui qui inspire la crainte. Nom d’Haile Selassié avant son couronnement impérial.
Satta Amassa Gana : en Amharique, « louons et prions ».
Sistren :sœurs.
Wolf : Faux rasta. Individu arborant des locks sans adhérer à la philosophie rasta.
Zion : le paradis terrestre, l’Afrique, l’Ethiopie.